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Arts
Par Noé Michalon

QUI ES-TU… Mr Garcin, artiste collagiste mystérieux

Le mystérieux Mr Garcin se déplace rarement sans son masque de lucha libre, le catch mexicain. Intarissable et enthousiaste, celui qui a réalisé la couverture du 700ème Spiderman a accepté de se dévoiler pour Clique.

Qui es-tu ?
Je m’appelle Monsieur Garcin, j’habite à Montpellier, et ça fait 5 ans que je suis collagiste à plein temps. Vous raconter ce que je faisais avant n’aurait pas beaucoup d’intérêt.

Pourquoi ce nom de Mr Garcin ? C’est ton vrai nom ?
Oui, tout simplement ! J’ai longuement réfléchi à un pseudo, puis j’ai pensé à Mr Oizo et d’autres artistes qui s’appellent « Monsieur », et j’ai trouvé ça pas mal.

Pourquoi garder cet anonymat visuel avec ce masque ? L’idée de l’artiste mystérieux te vient de Banksy ?
Pas spécialement, sachant que Banksy est carrément invisible. Mais j’aime les artistes masqués, les Daft Punk m’ont toujours fascinés. Et comme un jour on m’a offert ce masque, je me suis dit que c’était là une occasion de rappeler les super-héros que j’admire. Mais bon, je peux rester à découvert sans en faire tout un drame. Je me dévoile volontiers avec les journalistes, et si quelqu’un me reconnaît dans la rue, je ne me lamente pas.

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Comment tu t’es mis au collage ?
Quand j’avais une dizaine d’années, je découpais des pages de magazines de jeux vidéo, et je recollais tout dans un classeur. Je faisais aussi des collages pour illustrer les jaquettes des dessins animés de Dragon Ball que j’enregistrais. Donc ça a commencé avant tout pour des raisons pratiques bien plus qu’artistiques. C’est dix ans après qu’en voulant faire un grand cadre pour chez moi avec des couvertures de mes comics préférés que ça m’est venu. À la fin, j’avais une pile de comics sans couvertures et je me suis demandé qu’en faire. C’est là que j’ai commencé à faire des collages plus sophistiqués. Au début, c’était assez petit, puis j’ai fait des agrandissements. Et là, je me suis rendu compte que ça permettait de mettre en avant la texture du papier et les petits défauts de coloriage. Tout le charme des BD de l’époque ! J’ai même voulu imprimer mes collages sur du papier journal à une époque, mais c’était trop difficile techniquement.

Quelles sont tes références artistiques ?
J’ai suivi un cursus scolaire classique, je n’ai pas vraiment d’expertise en la matière. Mais j’ai toujours aimé les œuvres qu’on peut regarder plusieurs fois en découvrant à chaque fois. J’aime beaucoup les productions de Dali, ou le Radeau de la méduse, de Géricault, que je peux observer sans me lasser. Et puis je suis fasciné par la pop culture, que j’ai emmagasinée pendant de longues années. Des personnages comme Ken le survivant ou Homer Simpson, aussi, ce sont des icônes geeks que je veux honorer.

Ken le survivant

Où est Charlie ?
C’est un peu ce style, j’aime le côté ludique, même si ce n’est pas ma référence principale. Mais en effet, depuis que j’ai illustré le Spiderman 700, j’ai voulu me représenter dans la plupart de mes œuvres, avec mon masque. Après, sachant que je ne me suis pas mis dans toutes, c’est un peu vicieux pour ceux qui voudraient maintenant me chercher partout.

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Y a-t-il un lien entre le personnage que tu décides de coller et ta passion pour son histoire ?

Forcément, il y a un côté madeleine de Proust dans ce que je fais, c’est pour ça que je choisis les comics américains de mon enfance, qui m’ont passionné. Mais mes œuvres sont aussi des hommages.

Je n’ai pas forcément été marqué par Astérix, mais j’ai décidé de rendre hommage à Uderzo en faisant un collage qui rassemblait tous les personnages dessinés par lui dans la saga. Vous pouvez vérifier, il y en a plus de 700, et ils sont tous là.

Astérix

Tu mets combien de temps pour tes œuvres ?
Ça dépend, en général au moins trois semaines ou un mois. Pour Astérix, j’ai même mis un mois et demi.

Comment tu procèdes ?
En général j’ai en tête un personnage qui me plaît, puis si j’ai une bonne idée je planifie à l’avance le collage. Des fois, ce sont des commandes, et je suis toujours très heureux d’y répondre puisque les personnages me plaisent, comme pour ce collage sur Stan Lee.

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Ça t’est déjà arrivé de renoncer à un projet ?
Sachant que je me régale toujours dans ce que je fais, non, jamais. Je ne me lance pas dans un collage sans avoir planifié son déroulement.

Il n’y a aucun espace blanc dans tes œuvres : tu as peur du vide ?
Comme je l’ai dit, j’aime les œuvres chargées. Donc j’ai toujours voulu produire des collages explosifs, avec des couleurs. Pour ça, le Japon m’a toujours inspiré, il n’y a qu’à comparer les jaquettes japonaises et américaines de jeux vidéo, c’est totalement différent.

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Hormis quelques exceptions, tu ne rassembles jamais plusieurs personnages sur tes collages…
Sur ce plan-là, je suis puriste, pas question de mélanger des héros de DC Comics et de Marvel ou même d’univers différents. D’ailleurs, si j’avais mis un Batman dans l’œil de Spiderman, Marvel n’aurait pas été intéressé par mon collage. Mon but, c’est qu’en une image, on ait le résumé du héros, sans que le même dessin revienne deux fois. Par exemple, en regardant Hulk, on peut voir la transformation du personnage à travers les époques.

Hulk

Il te faut combien de comics pour un collage ?
Ça dépend. Pour Hulk, par exemple, il m’en a fallu entre 20 et 30, mais la sélection varie beaucoup. Parfois je ne prends qu’une seule image d’un volume.

Certains des personnages que tu reprends évoluent. Tu as prévu des mises à jour ?
C’est vrai que contrairement à Astérix, l’aspect de plusieurs super-héros change parfois vite. À l’époque de « l’œil de Spiderman », je n’avais pas cette volonté d’être exhaustif. Mais du coup, pourquoi pas compléter mes œuvres de cette dimension, en effet.

Hormis tes quelques représentations cachées, il t’arrive de dissimuler des messages dans tes collages ? De faire interagir des personnages entre eux ?
Oui, parfois. Mais je me cantonne à des petits détails, vu que mes œuvres doivent être avant tout des hommages, je préfère rester discret.

Si tu pouvais le faire, quelle musique aimerais-tu diffuser pendant que le public se plonge dans tes créations ?
Le générique de Batman des années 60, sans hésiter !

Tu as un message particulier à transmettre avec tes œuvres ?
En termes politiques, non, je laisse ça à d’autres. Je me contente d’hommages iconiques, j’assume le fait d’être avant tout dans l’entertainment.

Sans être indiscret, on vit bien de l’art du collage ?
Depuis quelques années, j’arrive à en vivre, petit à petit. C’est à partir du moment où Marvel m’a contacté que je me suis dit que je devais m’y mettre à fond.

Quels sont tes projets ? Tu envisages d’autres arts ?
Pourquoi pas la poterie ! (rires) Plus sérieusement, j’ai envie de continuer ce que je fais. Je dépends du travail des dessinateurs, puisque je ne dessine pas moi-même, et vu les personnages qu’il reste à explorer, j’en ai encore pour longtemps !

Les œuvres de Mr. Garcin sont exposées à la galerie Arludik jusqu’au 28 mars – 12, rue Saint Louis en l’Île, 75004, Paris.

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