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Yacine Aulnay Sous BoisSociété
Par Jalal Kahlioui

Mort de Yacine à Aulnay-sous-bois : « Pourquoi nous ment-on ? »

Douze jours après la découverte du corps inanimé du jeune Yacine, 24 ans, dans une cave d’Aulnay-sous-Bois, la famille de la victime est toujours dans l’impasse. Une situation qui a déclenché de fortes tensions dans la ville.

Dans la nuit du 13 au 14 septembre, aux alentours de 4 heures du matin, Yacine, 24 ans, se met en chemin pour rentrer chez lui, dans le quartier de l’avenue de Savigny à Aulnay-sous-Bois. Quelques heures plus tard, son corps est retrouvé dans une cave proche de son domicile ; les circonstances du décès restent mystérieuses. Pourtant, dès les premiers résultats de l’enquête judiciaire, les autorités chargées de l’affaire ont exclu la piste criminelle. Un choix que ne comprend pas la famille, compte tenu des circonstances troubles dans lesquelles le jeune homme a perdu la vie.

Le 23 septembre dernier, le grand frère de Yacine, Billel, 29 ans, a porté plainte contre X pour homicide. Pour Clique, il est revenu sur le début de son combat pour tenter de connaître la vérité sur la mort de son frère.

Clique : Est-ce que vous vous souvenez du déroulé des faits de la nuit du 14 septembre ?
Billel
: Yacine était le cadet d’une fratrie de cinq enfants. Il était inscrit en formation pour la conduite de camions poids lourds. Cette semaine-là, il travaillait en entreprise, donc il pouvait rester éveillé plus tard le soir. Yacine était avec ses amis sur le parking juste à côté du bâtiment où l’on vit, à environ 50 mètres dans l’avenue de Savigny.

Quelle heure était-il ?
Ils se sont retrouvés vers une heure du matin. Ils jouaient au poker sur leurs téléphones. Ils sont restés à discuter, rigoler jusqu’à 4 heures 30. À ce moment-là, Yacine a décidé de rentrer à la maison.

Il a quitté ses amis. Ma mère l’a appelé à 4 heures 40 précisément. Et à partir de ce moment-là, il n’est jamais arrivé.

Il a été découvert quelque heures plus tard par un agent de dératisation…
On a découvert son corps à 10 heures 30 dans une cave. (Le corps de Yacine a été découvert face contre terre, recroquevillé, avec le pantalon baissé jusqu’aux cuisses. Son corps était couché sur une barre de fer, NDLR)

Lorsque l’on vous a présenté le corps de Yacine, qu’avez-vous constaté ?
Mon père, ma mère et moi sommes allés à l’Office de Police Judiciaire pour connaître l’envergure des blessures de mon frère. On nous avait dit qu’il n’y avait qu’une trace sur le front, parce qu’il était tombé face contre terre.

Mais quand on est partis le voir à l’Institut Médico-Légal de Paris, nous nous sommes aperçus qu’il avait le visage rempli de bleus… Il avait une blessure circulaire très enfoncée sur le front.

Les blessures de Yacine ne correspondaient pas aux descriptions données par les enquêteurs ?
J’ai envoyé des photos à mon avocat. Il m’a dit que ce n’était pas normal. On aurait dû nous dire qu’il y avait tout ça. Lorsque nous sommes partis la première fois à l’Institut Médico-Légal, on était placés derrière une vitre, et il nous l’ont présenté sur le côté droit : il a des marques sur la droite de son front, avec une une marque circulaire sur le milieu.

Il présentait aussi des coupures sur la paupière droite, sur le nez, sur la lèvre. Quand on est repartis le voir une seconde fois, ils nous l’ont présenté côté gauche, et on a vu qu’il avait des hématomes sur la tempe, ainsi que des gonflements au niveau du nez.

Quelles sont les hypothèses que l’on vous a présentées sur l’origine du décès ?
Au début, ils nous ont dit qu’il s’agirait d’une overdose. Puis ils nous ont dit que ce serait plutôt une crise cardiaque. Finalement, ils sont revenus sur la piste de l’overdose.

De quelle substance l’overdose tire-t-elle son origine ?
Les analyses toxicologiques ont été faites. Il n’était pas consommateur de cocaïne. Il n’en avait jamais consommé, mais les résultats de l’analyse montrent qu’il y a eu une prise à ce moment-là, juste avant le décès.

Quelle est votre position face à la version présentée par les policiers en charge de l’affaire ?
Nous voulons bien les croire, il n’y a aucun problème. Mais quand on nous dit qu’il n’y a qu’une petite marque sur le front de Yacine, et que je vois qu’il a le visage tuméfié… Je suis désolé, mais ça me choque.

Ma mère a éclaté en sanglots quand elle a vu son visage. On a le droit à de vraies explications. Ils sont là pour nous, ces gens-là. Pourquoi ils nous mentent ? Pourquoi l’enquête n’avance pas ? Nous n’avons aucune nouvelle.

Vos avocats ont-ils eu accès à des informations plus détaillées que celles qui vous ont été présentées par les représentants de l’Office de Police Judiciaire ?
Non, car il semblerait que le Procureur bloque le dossier. J’ai dû m’y prendre à cinq reprises, dont une fois avec mon avocat, pour pouvoir porter plainte (une plainte contre X pour homicide a été déposée samedi 23 septembre, NDLR). Il a fallu que j’insiste et que je ne bouge pas de la salle d’attente du commissariat. Le personnel a dû appeler le commandant, et c’est à partir de là qu’ils ont enregistré ma plainte.

Qu’est-ce que vous demandez aujourd’hui ?
Nous sommes en deuil, et c’est très compliqué. Nous demandons qu’une deuxième autopsie soit faite. Mais le Procureur bloque notre requête. Nous sommes dans l’attente. Nous n’avons aucune nouvelle, aucun papier, rien, alors qu’ils nous baladent de droite à gauche.

C’est le parcours du combattant. Nos avocats sont bloqués.

Tant que le Procureur ne décide pas de saisir un juge d’instruction ou de faire quelque chose, nous sommes bloqués, tout simplement. Nous n’avons aucune marge de manoeuvre, nous sommes dans l’attente la plus totale. Pour le moment, le corps de Yacine est à l’Institut Médico-Légal de Paris. Nous ne pouvons pas faire notre deuil tant qu’une deuxième autopsie ne sera pas réalisée. Nous voudrions ensuite pouvoir l’enterrer en Tunisie.

Des violences ont éclaté dans la nuit du dimanche 24 au lundi 25 septembre à Aulnay-sous-Bois, dans le quartier de l’avenue de Savigny. Les incendies provoqués seraient directement liés à la mort de Yacine…
Je suis en deuil, comme tout le reste de ma famille. Les gens du quartier venaient me voir et me disaient que la situation que nous traversons n’était pas normale. Quand on a vu les photos du visage de Yacine, les nouvelles ont vite fait le tour chez les habitants. J’ai tenté de calmer tout le monde comme j’ai pu, mais je ne peux retenir la colère des gens à moi tout seul…

Les jeunes d’Aulnay-sous-Bois appellent à un grand rassemblement samedi 30 septembre à 19h, rue de Savigny à Aulnay-sous-Bois. Ils sont notamment soutenus par Théo, dont l’interpellation par des policiers dans la même ville en début d’année avait déclenché une affaire nationale.

Image à la une : photo prise à Aulnay-sous-Bois par @arno237

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