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Le Gros Journal

Le Gros Journal avec Emma Oliveira, psychocriminologue : « Tuer son voisin ou sa compagne, on a tous un peu ça en nous »

Ce soir dans le Gros Journal, la psychocriminologue Emma Oliveira tente d’établir le profil de Mouloud Achour ! Alors qu’on a vu apparaître depuis 20 ans, dans toutes les séries et les films policiers la figure du  »profiler », Mouloud Achour reçoit l’une des quatre psychocriminologues de l’Unité d’Analyse Comportementale Psycho-criminologique rattachée à la Police Judiciaire. Dans la salle d’interrogatoire de la série « Engrenages », une création originale Canal+, elle dévoile la réalité de son quotidien, loin des  »profilers » de série télé. Elle nous parle pulsions, passage à l’acte, et fascination pour les tueurs.


Le Gros Journal avec Emma Oliveira, l’intégrale… par legrosjournal


Salut, vous n’êtes pas dans le prochain épisode de la prochaine saison d’Engrenages, une création originale Canal+, eh non petit coquin ! Vous êtes devant le Gros Journal, et je suis avec une psycho-criminologue, et pas une psycho-criminelle. On voit souvent ce personnage de profiler dans les séries, et souvent ce sont des gens qui ont des visions un peu mystiques, un peu bizarres, est-ce que c’est votre cas ? Est-ce que vous pouvez vous présenter ?
Oui, bonjour, je m’appelle Emma Oliveira, je suis psycho-criminologue à l’Office Central de la Répression des Violences aux Personnes…

Tout de suite, on n’est pas dans une série américaine !
C’est ça ! On n’est pas au FBI, ça n’est pas du tout comme dans les séries, malheureusement je n’ai pas de vision, j’aimerais bien mais je n’y arrive pas… Non, c’est vraiment de la psychologie appliquée aux enquêtes criminelles.

Comment on fait ce métier, c’est quoi les études ? On fait des études pour être policier, ou pour être psychologue ?
Alors, on est dans le service, “psychologues-cliniciens” ; et engagés par la police en tant qu’agent contractuel. Donc on n’est pas du tout policiers, on est pas armés, rien de tout ça… On est des psychologues au service de la Police.

Pour vous, le métier de la Police passe par la compréhension, c’est ça ?Exactement !

Mais est-ce que “comprendre, c’est excuser”, pour reprendre les termes d’un ancien Premier Ministre (qui ne sera plus là à l’élection présidentielle) ?
Non, on n’est pas là pour excuser, on est là pour comprendre. Et derrière, la Justice qui fera son travail de jugement, mais nous on est juste là pour essayer de comprendre le passage à l’acte, en fait…

Donc votre métier, c’est de rentrer dans la tête d’un tueur, c’est ça ?
Oui, c’est une façon de l’expliquer, c’est un peu ça… Essayer de comprendre les mécanismes de pensée qu’il a pu avoir et qui l’ont fait passer à l’acte, en fait.

C’est quoi les mécanismes de pensée récurrents, les points communs où vous vous dites “Ah celui-là, je comprends”.
Alors, nous déjà on travaille sur tout ce qui est la criminalité violente et sexuelle. Donc on a affaire à ce que l’on appelle, dans notre jargon, au “pulsionnel”. On travaille vraiment avec ce qui anime l’être humain, en fait, et ce qui fait qu’à un moment donné, l’être humain peut passer à l’acte.

Comment vous expliquez que ces histoires de crimes passionnent les Français, qu’il y a des émissions d’“Enquêtes Criminelles”, “Crimes”, “dans la tête des tueurs”… Tous les soirs sur la TNT ?
Qui n’a jamais rêvé de tuer son voisin, ou sa compagne, ou je sais pas… ? On a tous un peu ça en nous, mais ça reste de l’ordre du fantasme, évidemment on ne passe pas à l’acte ! Mais certains le font, et c’est ce qui à mon avis fascine la plupart d’entre nous, c’est ce qui fait que les faits divers sont très consultés, c’est ce qui fait qu’on ralentit sur l’autoroute pour voir un accident…

Donc en fait ce que vous essayez de dire, c’est que finalement les tueurs remplissent une fonction cathartique ?
C’est un peu ça, tout à fait…

C’est ça leur place dans la société ?
Ça nous attire, ça nous fascine…
C’est quoi le truc le plus taré que vous ayez vu ? Là où vous vous êtes dit “Là je suis face à un vrai zinzin”.
J’ai une femme qui a tué sa mère, pensant que c’était quelqu’un qui se faisait passer pour sa mère. Et tout le long de l’audition, elle était persuadé que ce n’était pas sa mère, donc elle nous a expliqué par A + B que ce n’était pas sa mère, et que le chien n’était pas son chien… C’était un chien qui se faisait passer pour son chien.

Et je me pose une question, quand vous parliez tout à l’heure du caractère pulsionnel d’une violence, que c’est là que votre métier intervenait. Il y a une phrase en ce moment que les jeunes disent beaucoup après les incidents qu’il y a entre des jeunes et la Police, c’est “Si la Police nous protège, qui nous protège de la Police ?” Et quand il y a eu l’histoire du jeune d’Aulnay qui a été violé par un policier… Est-ce que vous dans votre métier vous pouvez intervenir et interroger ce genre de policiers ?
Non, moi je travaille avec les policiers, donc je ne peux pas intervenir pour eux en tant que soutien, parce qu’ils ont un service qui s’occupe d’eux. Moi je suis vraiment une collègue, donc je ne peux pas les interroger.

Et vous ne pensez pas que les policiers ont eux aussi besoin de soutien psychologique ?
Alors il y a beaucoup de psychologues dans la police. Il y a des psychologues en commissariat, comme ce que j’ai fait avant d’être là où je suis, il y a des psychologues dans la formation pour les écoles de Police et toutes les autres formations qu’ils ont, et il y a des psychologues dans le service du SSPO, qui est le soutien opérationnel des policiers.

J’ai une question très très bête. Comment cela se fait que les tueurs fascinent ? C’est à dire que quand ils sont en cellule, comment cela se fait qu’il y ait des compagnons que cela peut fasciner, des gens qui peuvent tomber amoureux de tueurs en prison ?
Il y a des gens que cela fascine, et notamment des femmes dans un côté comme ça, un petit peu amoureux. On le voit beaucoup aux États-Unis, ça arrive un peu en France mais c’est très américain. Toutes les demandes en mariage qu’il peut y avoir de tueurs en série. Alors après il y a des mouvements différents, il y en a c’est pour essayer de “sauver l’âme” de ces tueurs. Il y en a d’autres c’est peut-être le côté un peu “bad boy” qui les intéressent.

 

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