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Le Gros Journal

Le Gros Journal : Tangi Meston, futur journaliste, brise les clichés sur l’autisme

"Je suis autiste Asperger mais attention ce ne sera pas une émission comme les autres parce que quand vous allez la regarder, vous n'allez pas me pleurer.
On a le droit de se faire des vannes, et on va casser tous les clichés".

Ce soir dans le Gros Journal, Mouloud Achour rencontre Tangi Meston. Devant l’Agence France Presse à Paris, ce jeune de 19 ans nous parle du métier de ses rêves, journaliste, et entreprend de briser quelques clichés sur les autistes Asperger et le handicap.


Tangi Meston – Le Gros Journal du 28/11- CANAL+ par legrosjournal

Mouloud : Comment ça va Tangi ?
Tangi Meston : Je vais très bien Mouloud et toi ?

Très bien. Bienvenue dans le Gros Journal.
Bienvenue aussi, ça me fait plaisir de participer.

Est-ce que tu peux te présenter ?
Je m’appelle Tangi Meston, je viens de Rennes, je suis infirme moteur-cérébral et autiste asperger suite à une naissance prématurée à 31 semaines et cinq jours. J’ai eu un parcours scolaire assez atypique. C’est vraiment compliqué aujourd’hui, parce qu’on est dans un système scolaire qu’il faut bien comprendre. On dit qu’il y a l’école inclusive. Bon, très bien. Mais, on est loin de mettre en œuvre tout ça pour les personnes handicapées. Le lieu de tournage a bien été choisi parce que là on est place de la bourse, près de l’AFP, l’Agence France Presse. Et ce lieu n’a pas été choisi au hasard, parce que mon rêve est de devenir journaliste.

Là, on n’est plus dans le Gros Journal mais dans le Tangi Journal. Parce que depuis tout à l’heure, c’est toi qui présentes l’émission. Pourquoi est-ce que tu rêves d’être journaliste ? Ça veut dire quoi pour toi journaliste ? Alors pour moi, être journaliste, c’est s’ouvrir sur le monde. C’est découvrir de nouvelles choses et acquérir une rigueur, une démarche de réflexion, qui est complètement différente de celle qu’on a en cours, au lycée par exemple.

En ce moment, le métier de journaliste est malmené, critiqué par les politiques. Comment est-ce que tu l’interprètes ?
Je dirais qu’on connaît mal aujourd’hui le métier de journaliste. Un journaliste qu’est-ce qu’il fait ? Il parle d’un sujet, il fait des investigations, il fait de la recherche. Et on lui dit que c’est la faute des journalistes. Pourquoi ? Parce que ses recherches ne correspondent pas aux idéologies véhiculées par ces politiques-là. Et moi j’affectionne tout particulièrement le travail de certains journalistes comme Elise Lucet, Tanguy Pastureau qui fait la revue de presse de RTL…Là derrière moi, il y a plein de caméras, de projecteurs, de lumières etc. Pour moi, c’est le paradis !

Tanguy, on est ici devant l’Agence France Presse, parce que ton rêve c’est d’être journaliste et je tenais à faire cette émission avec toi pour dire qu’il fallait arrêter de considérer les handicapés ou les autistes comme des personnes exceptionnelles. Est-ce que tu penses que les mentalités vont évoluer et que vous allez trouver des places correctes dans la société ?
Je ne dis pas que les mentalités n’ont pas évolué, certes elles ont changé, mais aujourd’hui, à chaque fois qu’il y a un portrait d’un autiste asperger dans les journaux, on dit : « C’est un prodige de la musique, c’est un prodige du dessin, il est capable de reproduire une ville une fois qu’il a vu, il a une mémoire exceptionnelle »…C’est dingue, c’est comme si Dieu s’était levé pour le transformer en génie. Ce n’est pas possible ! Parce que si on était des génies, il y aurait des êtres supérieurs et des êtres inférieurs. Ce n’est pas ça. Aujourd’hui, on sait qu’un autiste a des capacités dans certains domaines, puisqu’il y a des zones localisées de son cerveau qui sont plus développés que d’autres dans lesquelles il n’excelle pas. Par contre, moi je ne peux pas voir le relief, par exemple. Au contraire, j’ai ce qu’on appelle l’oreille absolue.

Tu sais que c’est mon rêve ! Explique ce qu’est l’oreille absolue. Quand tu entends une mélodie, tu sais exactement la reconnaître ou la reproduire c’est ça ?
Ce n’est pas que ça. L’oreille absolue, dans la définition scientifique du terme, c’est la capacité que possède une personne à reconnaître et à identifier un son, en l’absence de références.

On va parler de l’avenir. Tu as eu ton baccalauréat.
Oui, mention bien.

Quelle est la suite pour toi, maintenant ?
C’est une année de césure. La loi française permet maintenant à un étudiant ou à un bachelier, sans mention minimum, de pouvoir tout simplement interrompre son processus d’étude le temps d’une année, pour faire ce qu’il a envie de faire. Moi je vais faire de la rééducation parce que j’en ai besoin. Je suis en fauteuil, j’ai besoin d’être plus autonome. Cette année de césure est en cours et je me suis libéré pour venir te voir ici à Paris.

Est-ce que quand on fait un travail de rééducation, le fait d’avoir un but comme le journalisme aide ?
Evidemment que ça aide ! Etre journaliste, pour moi, c’est me rendre dans des lieux qui sont accessibles. Donc évidemment, si je travaille dans une rédaction où on me dit : « tu feras un sujet là-dessus », mais que le lieu où je vais tourner n’est pas accessible… Que faire ?

En tout cas je vais te dire un truc, ce n’est pas du piston : tu viens de me montrer que tu avais une envie d’être journaliste. Et la sincérité, c’est ce qui relie tous les gens qui travaillent avec nous au Gros Journal. Tu as donc ta place avec nous.
Ah ben merci, c’est gentil !

Tu viens quand tu veux ! Qu’est-ce que tu voudrais faire au Gros Journal ?J’interviewerais des gens qui sont comme moi, mais pas exceptionnels ou atypiques. Des gens qui ont un parcours qui sort un peu des modèles, des circuits, et voir comment ils sont arrivés jusque là, comme toi tu as fait avec moi.

Il faut que tu fasses ta rééducation et que ça se passe bien. Tu es le bienvenu dans la rédaction.
Merci !

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