Oops! Aucun résultat
Le Gros Journal de Mouloud AchourLe Gros Journal

Le Gros Journal avec le professeur René Frydman : « Je préfère que l’avortement soit fait médicalement que clandestinement »

Ce soir Mouloud Achour pose le plateau du Gros Journal devant l’Hôpital Foch à Suresnes, où se trouve le service du célèbre Professeur René Frydman. Dans les années 1970, ce gynécologue-obstétricien aidait des femmes à avorter quand l’IVG n’était pas autorisé en France. Il y a 35 ans quasiment jour pour jour, il permettait la naissance du premier « bébé-éprouvette » français, Amandine.
Aujourd’hui, ce pionnier de la médecine procréative publie Le droit de choisir, un manifeste pour la Procréation Médicale Assistée, dans lequel il explique pourquoi il enfreint la loi française pour aider certains couples ou femmes célibataires dans leur projet d’enfant.


Le Gros Journal avec René Frydman, l'intégrale… par legrosjournal

Mouloud : Aujourd’hui le Gros Journal a installé son plateau devant l’Hôpital Foch. On va parler procréation, PMA avec le Professeur René Frydman qui a écrit ce livre « Le droit de choisir ». Dans un instant, vous allez connaître la véritable identité du Doc Gynéco. Vous allez tout savoir sur comment on fait des bébés en 2017.
René Frydman : On est là parce que je travaille à Foch.

Qu’est-ce que vous faites ?
Je fais de la gynécologie obstétrique et de la médecine de la reproduction, ce qui veut dire…

…que vous êtes le vrai Doc Gynéco !
…que je m’occupe des couples qui sont infertiles, des bébés ensuite au moment de l’accouchement, et puis parfois, entre temps, de la chirurgie quand c’est nécessaire pour que les choses se passent bien. Et voilà, donc ça fait 5 ans que je suis dans ce service et on vient d’ouvrir un tout nouveau centre de fécondation in vitro qui est ultra moderne.

Alors le livre s’appelle Le droit de choisir. Mais c’est le droit de choisir entre quoi et quoi ?
C’est le droit de choisir de faire de la bonne médecine. Alors ça a l’air, comme ça, simple, mais dans le domaine de l’assistance médicale à la procréation, la France est terriblement en retard. C’est-à-dire que nous avons des blocages, qui n’existent pas dans les autres pays européens, et qui mériteraient, c’était le but de ce livre qui a été signé par 200 médecins et biologistes, pour essayer d’alerter nos politiques de la nécessité de faire de la bonne médecine. Or nous ne faisons plus de la bonne médecine en France.

Alors c’est quoi la bonne médecine ?
La bonne médecine, c’est de proposer des techniques qui soient adaptées à chacun des cas. Je veux dire : dans la fécondation in vitro, je ne refais pas tout, mais vous savez qu’on prélève les ovules, les spermatozoïdes, on fait au laboratoire le début du début c’est-à-dire des embryons, et on s’aperçoit que lorsqu’on les remet dans l’utérus, lorsque ce processus est nécessaire et bien il y a 60 à 70 % des embryons qui ne vont jamais s’implanter. Donc il y a un taux d’échec extrêmement important.

Alors vous parlez de la GPA. C’est quoi la GPA ? J’aimerais comprendre.
Alors la GPA…

J’entends parler de partout, il y a la GPA, non à la GPA. C’est quoi la GPA avant de dire oui ou non ?
Alors la GPA, c’est le fait que ce soit une femme qui va porter un enfant, alors qu’elle ne va pas le garder, elle a signé un contrat, elle va donc le laisser à la naissance à ceux qui l’ont commandé. C’est donc une location du corps.

Donc pour vous c’est oui à la GPA ou non à la GPA ?
C’est non à la GPA !

Et la PMA, c’est quoi la PMA ?
La PMA c’est la Procréation Médicalement Assistée, c’est-à-dire que c’est toutes les techniques que l’on a en biologie et en médecine pour essayer de favoriser la venue d’un enfant. Par contre, la GPA pour moi, c’est la limite. La ligne rouge que je ne souhaite pas dépasser.

Alors le combat que vous menez aujourd’hui pour la PMA, vous le menez contre qui ?
Je le mène contre les idées retardataires qui ne veulent pas comprendre qu’on est rentrés dans une ère où effectivement on ne peut plus accepter de faire de la mauvaise médecine. Je m’explique : je disais que 70% des embryons ne vont pas s’implanter. Alors qu’est-ce-qu’on fait ? Est-ce qu’on ferme les yeux ? On croise les doigts ? On serre les mains, on les joint et on regarde les yeux au ciel, en espérant que ça s’implante ? Ou on va les analyser dans certains cas ? Je dis pas toujours…mais lorsque ça se répète les échecs, on pourrait les analyser parce qu’on sait qu’il y a des embryons qui ne vont pas s’implanter. C’est pas la peine de les remettre. c’est pas la peine de les congeler. C’est pas la peine de faire durer, on va dire le plaisir, mais il n’y a aucun plaisir justement. Il n’y a que la déception, il n’y a que l’émotion qui n’est pas exprimée. Ce d’autant que toutes les femmes enceintes en France, il y a 800 000 femmes enceintes en France, peuvent très bien si elles le souhaitent faire un test à 9 semaines de grossesse pour savoir si le foetus qu’elles portent est normal, c’est-à-dire n’a pas d’anomalie chromosomique. Alors nous, nous disons, pourquoi est-ce qu’on peut faire cet examen à 9 semaines de grossesse et pas juste avant le transfert. Puisque si on le fait à 9 semaines après et qu’il y a une anomalie, on se pose la question, est-ce que je garde un enfant avec une anomalie qui peut être très grave, ou bien est-ce que je décide de ne pas continuer la grossesse ? Donc plutôt que d’être dans cette situation, on peut le faire avant. Or ça se fait en Angleterre, en Belgique, en Espagne, en Italie. Même en Italie !

 Qu’est-ce que vous faisiez en 1973 ?
Justement je participais à faire de la bonne médecine. Je voyais que les avortements clandestins entraînaient des morts et des complications extrêmement graves, infectieuses en particulier. Donc j’ai été et  j’ai milité pour la prise en main médicale des demandes d’interruptions volontaires de grossesse. Ce qui ne veut pas dire que c’est simple mais je préfère que ce soit fait médicalement que clandestinement, parce que ça a amené toutes ces catastrophes.

A l’époque, vous avez pris des positions et des risques pour les femmes. Est-ce que, aujourd’hui, défendre ce que vous défendez, c’est encore prendre des risques ?
Écoutez, d’abord je ne l’ai pas vécu comme ça. J’ai vécu avec.. nous étions un certain nombre de médecins…beaucoup de femmes, d’ailleurs, avaient témoigné à l’époque. Là encore, nous sommes de nombreux médecins, et nous sommes aussi avec des associations de patientes, comme l’association BAMP, qui essaie de faire bouger les choses dans le même sens.

Vous conseillez les gens d’aller à l’étranger, pour faire …?
Non ! Enfin, je conseille les gens… j’écoute d’abord leurs demandes, et quand je vois que je n’ai pas de solution en France, mais que par contre, il y a une possibilité à l’étranger, nous discutons de cela. D’ailleurs, avec internet, tout se sait. J’apprends rien. J’essaie de discuter avec eux, de les accompagner. Et ce qu’on nous a initialement reproché, c’est-à-dire de jouer un peu les agents de la circulation

Pourquoi ?
Parce qu’on dit à un couple, ça le don d’ovocytes vous pourrez le faire en Espagne, vous pourrez le faire en Belgique. Ici anonyme. Ici non anonyme. C’est à vous de choisir mais ça va vous coûter de l’argent.

On ne leur met pas trop la pression aux femmes avec ces affaires ?
Il ne faut pas !

J’ai plein de copines qui craquent, qui se mettent la pression…
Oui parce que, aujourd’hui, c’est vrai…

 … et qui nous mettent la pression
Et bien vous savez pourquoi ? Parce que la prévention n’est pas assez bien faite

Dans un monde idéal, si les femmes avaient le droit de choisir, qu’est-ce ça donnerait ?
Oh non, ça donnerait simplement le fait qu’elles seront déjà informées, premier point. Que l’on joue sur la prévention : pourquoi y a-t-il tant d’infertilité, je parle pas du fait de la rencontre, les difficultés de trouver, encore une fois, l’heureux élu.

Moi, vous savez, je suis très fort pour faire des couples …
Welcome. Welcome si …

Si vous avez des copines en galère, je suis très très fort pour monter des couples et tout
Ben écoutez..

Plusieurs mariages à mon actif !
Ben voilà, le mariage c’est un premier pas, ou en tous les cas, une rencontre c’est un premier pas. Mais après, il faut que ça marche ! Si on a un projet en tous les cas. Je parlais de prévention : pourquoi y a-t-il beaucoup d’infertilité aujourd’hui en dehors de l’âge ? Parce que justement, il y a peut-être le mode de vie, le stress, les polluants, la nourriture. Tout ça doit être pris en …

C’est ce que j’allais poser comme question: est-ce que moi j’appartiens à une génération bousillée ?
Pas bousillée mais en danger.

En danger parce qu’on a mangé n’importe quoi, parce que les pesticides…?
Vous avez tout à fait raison. C’est-à-dire qu’actuellement, on met beaucoup l’accent, et je voudrais qu’on fasse de la recherche et qu’on stimule cette interrogation de pourquoi on se retrouve dans ces infertilités ? C’est vrai que ici à Foch, par exemple, mais dans d’autres endroits aussi, on essaie de monter tout un centre de prise en charge plus globale. Pas uniquement de jouer sur la biologie des ovocytes, des spermatozoïdes, mais justement sur l’alimentation, sur le stress, la perte de poids, l’activité physique, tout ce qui peut favoriser en tous les cas un bon fonctionnement, et donc peut-être la réalisation du projet de ce petit couple charmant, et même successif. Ca dépend de chacun.

Vous allez faire quoi  après cette émission ?
Justement, je vais aller remettre un petit embryon

C’est ça, le geste de l’embryon ?
Oui un embryon dans un utérus d’une dame et d’un monsieur qui m’attendent. Mais je les ai prévenus que nous avions un peu de retard.

Précédent

La Fonky Family remonte sur scène cet été

À VOIR (en intégralité) : le film "My Sweet Pepper Land" avec Golshifteh Farahani

Suivant