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REPLAY – Le Gros Journal avec Dominique Farrugia : « On nous a proposé beaucoup d’argent pour faire ‘La Cité de la Peur 2′ »

Ce soir dans le Gros Journal, Mouloud reçoit un monument de la télévision et du cinéma comique : Dominique Farrugia, pour un entretien exceptionnel à l'occasion de la sortie de son nouveau film, "Sous le même toit".


Le Gros Journal avec Dominique Farrugia, l… par legrosjournal

Dominique Farrugia : Bonjour c’est Dominique Farrugia et vous êtes dans le Gros Journal.

Mouloud Achour : Ça commence bien. Comment ça va ?
Dominique Farrugia
: Super.

Je suis très heureux de te recevoir chez nous.
Moi aussi, je suis très content d’être là, parce que je regarde et ça me plaît et j’aime beaucoup.

Merci. 19 avril, Tous sous le même toit. On va faire un gros pitch de ton film.
D’accord.

Donc c’est l’histoire d’un couple qui bat de l’aile. À un moment, elle lui dit : “Et si chacun allait faire un petit peu sa vie.” Il se retrouve au début chez un pote. Ça commence à passer. Plus le temps passe, moins ses potes arrivent à le supporter. Donc le mec se retrouve petit à petit à la rue. Alors qu’elle refait sa vie. Mais, il possède 20% de la maison. Et ils sont obligés d’être sous le même toit alors qu’ils ne peuvent plus se blairer.
C’est exactement ça. Ça part d’un article que j’ai lu dans Libé.
Tu sais qu’un couple sur deux divorce à Paris et en région parisienne, et c’est un sur trois sur la France. Ça fait beaucoup. Et bien 60% des couples de la région parisienne ont du mal à vraiment se séparer, en tout cas pendant la première année, à cause du pognon et à cause du prix du logement.

Parce que ton film c’est l’explication du statut : “C’est compliqué” sur Facebook.
C’est au-delà de “C’est compliqué”. C’est vrai, je n’y avais pas pensé.

Est-ce que tu as lu “Vernon Subutex” de Virginie Despentes ?
Oui.

Qui raconte aussi comment on peut se retrouver tout d’un coup à la rue, en galère.
Ça va vite, ça va très vite. C’est deux, trois potes qui t’hébergent, mais au bout d’un moment qui te disent : “On ne peut plus.”
Tu n’as plus de thunes, on te prête 10 euros, 15 euros, tu ne peux pas les rendre. Tu as dépensé l’argent que tu avais au Macdo et après tu vas dormir dans un parc. C’est malheureusement le lot de plein de Français en ce moment. Moi ce qui m’amusait, c’était de “tordre” tout ça pour faire rire avec. C’est ça qui m’intéressait.

Comment on arrive à faire rire avec ? Sans être moqueur ?
D’une part, ils ne sont pas quart-mondistes mais ils ont du mal à boucler les fins de mois. Ce qui arrive à plein de Français. Moi je viens d’une famille ultra modeste, où on était justement, tout le temps en train d’essayer de boucler la fin du mois. Donc ces gens là je les aime, et je n’ai pas envie de m’en moquer. Et j’ai envie de rire avec eux, j’ai envie que les gens se retrouvent dans mon film et surtout pas envie de me moquer d’une partie de la population. C’est rire avec tout le monde, pas rire de tout le monde. Ça c’est très important pour moi et ça a été toujours important. Ensuite, je pense qu’on arrive à faire beaucoup rire dans ce film avec Gilles Lellouche et avec Louise Bourgoin qui incarnent vraiment bien ces couples de 40 ans, qui se sont connus à 20 ans, qui ont fait des mômes et qui ne se supportent plus aujourd’hui.

Il y a quelque chose que j’aimerais comprendre, c’est : “Pourquoi est-ce que tes personnages s’appellent encore Delphine et Yvan.” Delphine et Yvan c’étaient les héros de ton premier long-métrage Delphine 1, Yvan 0.
Je m’ennuyais avec le nom de mes personnages. Ça arrive parfois. Et je me suis dit, bien sûr en demandant l’autorisation à mon camarade Laurent Turner : ”Et s’ils s’appelaient Delphine et Yvan parce que Delphine et Yvan c’est exactement ce que je viens de dire.” Ils se sont rencontrés il y a 20 ans, ils ont fait des enfants, ils se sont mariés, ils ont divorcés.

Alors il y a quelque chose dans le film, c’est que c’est la comédie la plus féministe de Dominique Farrugia. C’est un film ultra féministe.
Je ne sais pas, je suis devenu féministe en étant papa de deux filles. Je passe ma vie à dire à mes filles qu’il faut travailler et être indépendante. Elles en ont plein le cul… “Arrête tes conneries papa”. C’est important d’expliquer à ses enfants qu’il faut qu’elles soient indépendantes, qu’elles ne comptent sur personne que sur elles-mêmes et qu’elles se démerdent à gagner le même salaire qu’un autre mec.

Tu la vois comment la génération des filles d’aujourd’hui à travers tes filles ? Est-ce que tu la comprends ?
Parfois, j’ai du mal à comprendre. Elles sont très petites.

Elles ont quels âges ?
Elles ont 7 et 9 ans. Donc elles sont toutes petites.
Mais la grande de neuf ans qui me parle de “star” et qu’elle veut être une star. Je lui ai dit : “Non”. D’abord tu travailles, tu trouves un truc et en trouvant ce truc là, peut-être que tu seras la meilleure dedans et là tu deviendras une star, mais on ne devient pas star, ce n’est pas un métier. Et c’est ça qui me fait le plus peur.

L’envie d’être connu quoiqu’il arrive.
L’envie d’être connu quoiqu’il arrive, oui.

Ça a peut-être un lien avec les réseaux sociaux ?
Ça un lien avec tout, les pauvres, même si elles ne sont pas sur les réseaux sociaux, si un tout petit peu.

Il y a quelque chose, c’est que les réseaux sociaux, c’est la meilleur façon de comprendre la vie de Dominique Faruggia. Tout le making-off du film et toute l’histoire du film ont été racontés sur Instagram et sur Facebook.
J’aime bien partager ce que je tourne. Pas des extraits du film, mais des moments de tournage parce que je trouve qu’il y a plein de choses à raconter. Là je suis en tournée province, et c’est vrai quand tu fais sept heures de voitures, au bout d’un moment, tu dis c’est bon, c’est long et c’est chiant. Se servir des réseaux sociaux pour ça, c’est un bon moyen de communiquer tout en restant proche des gens et en leur montrant comment ça se passe derrière.

Il y a un truc qu’on comprend en te suivant sur les réseaux en remontant le film, c’est qu’un long métrage qui sort, ça n’arrive pas comme ça, c’est trois ans d’histoire.
C’est trois ans de travail à peu près. Mais c’est le cinéma. Je crois que c’est Lord Michael qui disait : “La différence entre le cinéma et la télévision, c’est que le cinéma, quand c’est bien ça sort. Pour la télévision, que ce soit bien ou que ce ne soit pas bien, ça passe à 20h30”. Donc voilà, c’est la vraie définition.

La tendance en ce moment, c’est de déchirer les comédies. On a vu ce qui est arrivé à « Gangsterdam ».
Alors ça pour moi, aujourd’hui, utiliser la Une d’un journal gratuit pour vendre de la pub et pour se faire de la pub sur le dos de Gangsterdam, est-ce que ça méritait ça ? Ça m’a rendu fou.

Philippe De Chauveron a vécu la même chose avec son film “À bras ouverts”.
J’ai moins vu ce qu’il s’était passé sur À bras ouverts, je n’ai pas vu le film. Mais il n’a pas eu le droit à la Une. La dernière Une c’était RRRrrrr de Alain Chabat.

C’était la Une du Parisien avec écrit : “Nul !”
Je ne supporte pas.

C’est quoi cette tendance ? Comment tu le vis toi quand tu sors une comédie en disant : “Oh là là, j’espère que ça ne va pas m’arriver. Est-ce qu’on a ce truc-là ?”
Non, je pense qu’on n’y pense pas en la faisant. Maintenant le pauvre Chauveron, on l’attaquait même quand il a commencé à écrire son scénario.
Quand il a dit : “Tiens dans deux ans on sortira un film qui va s’appeler à l’époque pas ‘À bras ouverts’ mais ‘S’il vous plaît’ et qu’il va parler des Roms », il s’est déjà fait déchirer alors qu’il n’avait même pas écrit une ligne. Est-ce que le film mérite tout ça ? Je n’en sais rien.

Ça pose aussi la question de ce que l’on peut dire ou pas dans une comédie.
Ce qui est marrant, c’est qu’il y a des types qui sont morts parce que justement, pour faire rire, ils étaient prêts à attaquer ce qu’ils voulaient et on s’est retrouvé plus d’un million dans la rue à dire : “Je suis Charlie.” Et trois ans après Charlie, on ne redevient pas Charlie parce qu’il faut rire de certains trucs et il y a des barrières. Moi souvent je dis : “Mieux vaut se moquer des handicapés et leur donner un accès au métro que de ne pas se moquer des handicapés en disant : on n’y touche pas.” Paris est inaccessible à quelqu’un qui voudrait être autonome en fauteuil roulant. C’est impossible. Et on est en train de prévoir des tonnes de voies piétonnes, des tonnes de voies piétonnes. Super, comment moi j’y arrive à ces voies piétonnes ?

Est-ce que tu as conscience d’être un exemple de réussite ?
Je ne veux pas être un exemple, mais je suis fier de ce que j’ai fait.

Parce que tu as fait un film avec Manu Payet justement sur l’accessibilité. Et pour plein de gens, savoir que Dominique Farrugia, qui est en fauteuil roulant, réalise encore des films, produit et est hyper actif, c’est un exemple de réussite.
J’ai beaucoup de chance de bien avoir réussi dans ma vie. J’ai un assistant qui m’aide à pousser ma chaise parce que je n’ai pas assez de force dans la main gauche pour pousser une chaise moi-même. Tout ça, c’est de la chance. Le jour où je n’ai plus cette personne qui m’aide, je ne peux plus travailler.

Tu te moques de toi dans le film.
Oui un petit peu. Je suis content et ça m’a redonné envie de jouer. Je ferais bien une série sur… J’ai déjà le titre sur un mec en chaise roulante, joué par moi et ça s’appellerait : “Je peux m’asseoir”.

Sur le mode un peu à la Louis C.K ?
Avec un peu d’impro

Pendant longtemps vous avez été les importateurs de la façon d’écrire à l’américaine alors qu’aujourd’hui dans le scène up on copie carrément, Mais vous, vous avez juste importé la façon de faire. Est-ce que ça te manque ? Qu’est-ce qui te fait rire aujourd’hui ?
Il y a plein de trucs qui me font rire. J’ai été content de rencontrer dans ma carrière des Robins des bois, Manu Payet, Laurent Lafitte, Franck Dubosc, Cyril Hanouna.

Cyril Hanouna
Ce sont des gens avec qui j’ai produit et avec qui je me suis beaucoup amusé. Nous les Nuls on s’amusait justement à pomper Sunday Night Live et travailler un petit peu comme ils travaillaient. Aujourd’hui, il y a plein de choses qui m’amusent : Le Palmashow

La parodie de PNL est exceptionnelle.
Sur scène, Lecaplain Baptiste est un mec exceptionnel. Enfin, il y a une nouvelle scène qui est très très forte, très drôle, très vive. Il y a plein de choses qui sont fortes, moi je m’emmerde un peu sur le web avec les face cam’ tout ça, parce que cela m’ennuie un peu, mais il y a des choses qui peuvent être drôles et qu’on peut trouver drôles aujourd’hui.

Donc tu as envie de refaire une série sur toi ?
Non, j’ai envie de refaire des séries, j’ai envie de continuer à faire de la comédie. Mais si l’opportunité s’ouvrait demain, je continuerais à faire du cinéma et je produirais un peu plus de séries parce que je pense qu’il y a des choses, sur 26 minutes, où l’on peut vraiment bien s’amuser et qu’on n’a pas faites encore. Pour l’instant je fais du cinéma chez Luc Besson.

Comment ça se passe avec lui ? Est-ce que tu as rencontré Rihanna ?
Non, mais ce sont des tarés. Le studio était pratiquement fermé quand elle était là pour qu’on ne voie pas et pour pas qu’on voie son costume surtout. Mais moi les premières images m’ont épaté, ça m’a bluffé. Je pense que le film va être très fort.

Tu peux nous en dire un peu plus ?
Je n’ai pas le droit.

Allez !
Non, je te jure. Non mais même, tu fais le mec qui dit “Je n’ai pas le droit”, je ne sais rien, je ne sais rien. Luc n’a pas fait lire le script, non je ne sais rien.

Est-ce qu’il y a un script ?
Il y a un scénario, ça j’en suis sûr, parce que le mec est plus que doué. D’ailleurs sur le mien, il m’a fait “Tiens” et c’était génial. Il est passé deux secondes au montage, il m’a dit “Tu pourrais faire ça, ça et ça”, je l’ai fait, c’était super. Il est vraiment balaise, très très balaise ce garçon.

La dernière fois, Alexandre Astier nous a lâché des infos sur Kaamelott, tu dois nous en lâcher sur Valerian, les fans attendent. Tu es tous les jours à la Cité du Cinéma avec Luc Besson.
Je ne sais rien. À part que Luc a fait tout son film en France. Il a travaillé avec l’orchestre national de Radio France, avec Alexandre Desplat qui était à Paris pour diriger l’orchestre de Radio France. Voilà, il fait en France les trucs, ça je trouve ça génial.

Dominique, il y a quelque chose dont on est obligés de parler, c’est la campagne. En 2007, tu t’étais engagé auprès de Nicolas Sarkozy, là tu es très silencieux.
Je l’ai fait une fois, je ne reviendrai jamais sur ce que j’ai fait, voilà c’est tout. Maintenant ce n’était pas ma place d’être là et ce n’est pas ma place aujourd’hui de dire quoi que ce soit sur la politique. Ce n’est pas mon rôle, je ne suis pas là pour le faire. Parler du handicap tel qu’on l’a vu tout à l’heure, ça c’est important et il faut continuer à le faire, et pousser au cul la mairie de Paris et les grandes mairies de France pour aider les handicapés, oui. Tous les grands candidats comme on les appelle, ou gros candidats je ne sais plus, ont saupoudré quelques petites choses, mais le handicap touche 6 millions de personnes et on en parle peu, voilà. J’ai vu Macron aller chez les handicapés une fois.

Le premier tour approche à l’heure où l’émission est diffusée. Il faut savoir qu’elle est enregistrée. Là on n’a pas le droit de nommer les politiques, mais la fille de son père a fait une sortie sur le Vél d’Hiv.
Oui, et enfin on va redécouvrir la vraie face du FN parce que c’est ça. Parce que si c’est la France qui était derrière, oui c’était… Enfin c’est dingue de nier ça. C’est dingue de nier que ce sont des flics français qui ont emmené tout le monde dans le Vél d’Hiv et on a fait plus que ce que les Allemands demandaient, puisqu’on a emmené les enfants. Voilà. Moi je trouve ça dingue, je trouve ça fou qu’aujourd’hui on puisse encore nier des choses pareilles.

Et briguer la Présidence de la République.
Oui, tout en disant qu’elle n’est plus son père, alors qu’elle est son père.

En tout cas, quand on a fait une “Spécial Star Wars”, tu as été mon père.
Oui j’ai adoré. Moi tu sais, dès qu’on me donne une cape, un truc… J’étais content. J’étais content d’avoir fait le con, j’aime bien faire le con un peu.

La télé ne te manque pas ? Tu n’as pas envie ?
La télé me manque telle que j’en parlais tout à l’heure. C’est-à-dire en faisant peut-être de la fiction, oui. Refaire de la télé pour refaire de la télé, je ne pense pas parce que j’ai fait beaucoup beaucoup de choses et je me vois mal recommencer. Même si avec Cyril Hanouna, on a fait “La très grosse émission” où l’on s’est vraiment bien marré.

Et ça t’arrive des fois d’avoir Chabat, Lauby, au téléphone ?
On se parle. Alain était content de voir les nouvelles bandes-annonces de mon film, il m’a appelé. Chantal, j’espère produire un film cet été avec elle dans un rôle. C’est une famille, « Les nuls », on ne se quitte pas.

Pourquoi vous n’avez pas refait un truc ? C’est la question bête et méchante.
Parce qu’on aurait fait moins bien. Dans la tête des gens, c’était super, si on refait quelque chose aujourd’hui, ce sera moins bien, sûr. Donc, pourquoi les refaire ? On nous a proposé beaucoup d’argent pour refaire La Cité de la peur 2. Pourquoi ? Pourquoi le faire ? On avait payé nos impôts tout allait bien.

Dominique Farrugia, merci d’avoir été au Gros Journal.
Merci à toi de m’avoir invité, c’était sympa et puis de me retrouver ici je suis très content, on a beaucoup tourné ici.

Tu m’as fait un kiff au début, est-ce que tu peux nous en faire un encore ? Est-ce que tu peux dire “Vous avez regardé le Gros Journal” ?
C’est toujours celle-là ? Merci d’avoir regardé le Gros Journal, à demain, et l’intégralité sur Clique.tv. N’oubliez pas.

« Sous le même toit », le 19 avril au cinéma, réalisé par my man Dominique Farrugia. Merci Dominique !
Merci à toi.

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