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French MontanaMusique
Par Jalal Kahlioui

CLIQUE TALK : on a parlé du Ramadan avec French Montana

Top 10 des singles de rap, 60 millions de vues YouTube en quelques semaines : le dernier titre « Unforgettable » de French Montana (ft. Swae Lee du groupe Rae Sremmurd) connaît une popularité exponentielle aux USA, où il est bien parti pour être l’un des singles de cet été.

Une belle reconnaissance pour le plus marocain des rappeurs américains qui, il y a quelques années, confiait au magazine Fader son attachement à Casablanca et au mois de Ramadan. Pour cet entretien avec Clique, il a donc été question de sa carrière, de production et, timing oblige, de savoir s’il ferait le Ramadan cette année.

Clique : Bonjour French !
Hello – ou plutôt, « bonjour ! »

Comment ça va ?
Ça va bien et toi ?

Je dois te dire une chose… Nous sommes tous les deux Marocains. Donc, pour commencer : «Ramadan Mubarak Karim! » (« Bon Ramadan », en version française)
Oh mon frère ! Je te souhaite un bon Ramadan aussi !

Première question : est-ce que tu vas jeûner cette année ?
Évidemment. Je jeûne tous les ans, c’est une période super importante pour moi.

Qu’est-ce que ce moment représente pour toi ?
C’est un mois où l’on se rapproche de Dieu. Je ne vais pas te mentir, c’est assez compliqué les premiers jours, mais je pense que je ne suis pas le seul à galérer. Après, une fois que tu t’habitues, ça devient presque normal !

French MontanaEn octobre 2012, le magazine américain The Fader avait consacré un numéro entier à French Montana alors qu’il était au Maroc.

Comment se passe le jeûne aux États-Unis ? Est-ce que c’est compliqué ?
Ici, je pense que c’est plus difficile. Parce qu’il y a énormément de tentations, parce que tout fonctionne comme si de rien n’était. Cela implique d’être plus que discipliné.

Si je ne faisais pas le Ramadan depuis mon plus jeune âge, je pense que j’aurais pété les plombs.

Mon seul conseil serait de prendre ce mois de manière très sérieuse. C’est le mois où tu es le plus proche de Dieu. C’est le mois où tu clarifies ton esprit, ça te donne le temps de réfléchir sur toi-même. Tu passes onze mois à manger, à faire n’importe quoi, alors quand se présente le mois où tu dois jeûner, cela ne devrait pas poser problème.

Comment est-ce que tu organises tes journées pendant cette période ?
Je me réveille aux alentours de midi… J’essaie de ne pas en faire trop, de me reposer au maximum. J’ai ma mère, mes frères avec moi. On regarde la télévision… C’est une période de réunion familiale. Mais en même temps, c’est un moment où je travaille beaucoup.

D’ailleurs, cette année, le travail a porté ses fruits avec le succès d’ «Unforgettable» avec Swae Lee… Comment vis-tu ce nouveau succès ?
J’adore ça ! J’ai l’impression d’avoir été béni en ayant une carrière aussi longue. Dans ces moments-là, quand j’arrive à faire ça, j’ai aussi le sentiment de représenter le Maroc et de porter haut le drapeau du Royaume.

Le titre « Unforgettable », dont le clip est sorti mi-avril, est déjà certifié disque d’or aux États-Unis et comptabilise plus de soixante millions de vues sur YouTube. 

Représenter le Maroc semble te tenir énormément à coeur…
Oui, bien sûr, j’adore le faire. Tout ce que j’ai, ma culture, mon style, ma vision des choses, provient du Maroc. Impossible de renier tout ça, même si je vis aux États-Unis. « Ana Ould l’Bled a Khouya ! » (NDLR : « Je suis un enfant du pays, mon frère ! »)

Tu es parti du Maroc pour les États-Unis, et tu as réussi a te construire ton propre «rêve américain ». Est-ce que tu as le sentiment d’être un exemple pour la jeunesse, notamment marocaine ?
En fait, je me pose pas trop cette question. J’essaie juste de réussir ma vie du mieux que je peux. Mais je pense que c’est aussi une manière de dire que, même en venant du Maroc, on peut réaliser ses rêves, aussi grands soient-ils. Beaucoup de gens au Maroc n’ont pas eu la chance que j’ai eue, et ne l’auront jamais. Donc j’ai vraiment le sentiment d’être béni. Tu sais, je prie tous les jours. Et je suis reconnaissant à jamais des sacrifices qu’a faits ma mère.

« Pop That », l’un des nombreux tubes du Marocain. 

De la saga des Coke Boyz avec Max B à « Pop That » avec Rick Ross, Lil Wayne et Drake, en passant par ton dernier tube, tu as toujours su te renouveler…
J’ai l’impression que tu te dois de « changer de vague » tout le temps. Tu ne peux pas rester sur le même répertoire constamment. Tu es obligé de te réinventer en tant qu’artiste. Je trouve que c’est fondamental.

Je pense que tu dois donner quelque chose de nouveau à ton public, à chaque fois. Surtout aujourd’hui, avec les réseaux sociaux, alors que tout va plus vite.

Est-ce que ce n’est pas compliqué de garder une identité musicale au fil des années ?
Je fais juste de nouvelles chansons avec de nouveaux producteurs. Je pense que mon prochain son se fera avec du Ta’rija (sorte de petit derbouka marocain, NDLR), des claquettes marocaines et ça parlera du baghrir (des crêpes trouées, NDLR ) !

Et pourquoi pas du thé à la menthe, et un bol de harira ?
Oui ! Avec des pois chiches ! Sans oublier le Khlii (plat typique marocain) ! On va tout exploser ! (rires)

Tu es très proche de Diddy. Comment se passe le travail avec lui, que lui apportes-tu ?
Tu sais, Diddy est comme un frère pour moi. Il est plus qu’un mentor, plus que quelqu’un qui m’a appris les règles du jeu.

Juste par son expérience, Diddy m’a évité des erreurs qui m’auraient coûté facilement cinq ou dix ans.

French MontanaP.Diddy et French Montana (© Kevin Mazur). 

Avec tes albums Excuse My French et MC4, tu as prouvé à l’industrie que tu savais tirer le meilleur des producteurs et des artistes qui t’accompagnent… Quel est ton secret ?
J’essaie de toujours tendre une oreille à ce qu’il se passe dans la rue. J’ai des gens autour de moi qui écoutent de la musique actuelle. Et je suis très heureux d’avoir une équipe qui s’intéresse beaucoup à tout ce qui sort.

Certaines personnes te voient comme un « architecte du rap », comment est-ce tu le vis ?
Je ne me donnerais pas autant de crédit. Mais c’est vrai que je m’y connais un petit peu quand il s’agit de faire de la musique à plusieurs…

Photographie à la Une © Michael Schmelling. 

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